Michelle YMELE

La trajectoire d’une blogueuse au festival Bia so Mengong

Salut, c’est la saison des festivals. Vous allez entendre à la radio, les chaînes de télévision parler de festivals de musique, de tomates et bien d’autres encore. Dans le sud du Cameroun, on valorise les richesses inébranlables d’une commune : le festival s’appelle Bia So Mengong: « Nous sortons de Mengong ». J’ai eu l’honneur de couvrir le coup d’envoi de ce festival samedi dernier à la demande de l’association des blogueurs du Cameroun, avec ma casquette de blogueuse. Je vous raconte ma trajectoire dans ce billet estival.

Ils ont attendu ce festival toute l’année. Ce matin du 15 juillet 2023, le tronçon routier entre le stade de la cocam, un terrain de jeu de la localité et la place des fêtes de Mengong est très animé. Les habitants montent et descendent en attendant de voir les autorités arriver pour ouvrir leur festival. Depuis la première édition du festival Bia So Mengong qui s’est tenue du 12 au 30 juillet 2023, les habitants de cette commune, qui compte 49 villages, ont été séduits. Je dirais même qu’ils ont été charmés, charmés par leur propre richesse qu’un fils du village et son épouse ont repensée et présenté dans un panier ouvert à tous. La Commune de MENGONG se trouve dans le plateau Sud du Cameroun. Elle est située à 30 km d’EBOLOWA, à 20 km de NGOULEMAKONG sur la Nationale N°2 ; à 90 km de SANGMELIMA sur la route Départementale; à 60 km de BIWONG-ULOU sur la route Communale.

Il est 10h30. Je descends du bus en plein centre-ville. Il y a beaucoup de monde. Je me rends compte tout de suite que je suis en retard pour ma couverture. Vite ! Une moto ! En deux minutes, le motard me dépose à la place des fêtes. Excusez-moi, je suis un peu timide. Alors j’envoie un petit sourire à celui ou celle qui me lance un regard insistant. Le festival n’est pas prêt à commencer maintenant, mais il y a des affiches partout. Elles portent presque toutes le même message : « A ne ajô d’anane », ça signifie « C’est votre affaire » en langue Bulù. Certaines mettent en avant plusieurs artistes nationaux tels que Sanzy Viany, John Duchant, Koppo, Kristel Elektra et Lucky +2. La ville est bien prête à accueillir son « feu sacré », c’est ainsi qu’on le nomme. C’est magnifique ! Je profite du paysage de cette magnifique ville au climat de savane avec son hiver sec. Mais j’ai un problème. J’ai faim ! Cet endroit sent tellement bon !

Des artistes nationaux ont confimés leur présence à mengong ©leventsoufle

Qu’est-ce que vous servez ?

Tout juste en face de la tribune de la place des fêtes, il y a un grand espace de détente. Il faut descendre quelques marches d’escaliers avant d’y arriver. Ici, on boit, on mange, on discute, on fait connaissance. Quand j’y arrive, une longue file de stands d’exposition occupe les lieux. Les exposants y présentent les produits du terroir : la canne à sucre, les Bobolo, qui sont des bâtons de manioc mesurant près de 2 mètres. Je mesure 1m57. Juste pour que vous comprenez la différence entre ma taille et celle de ce bâton et comprendre par-là, le génie créateur des femmes qui font ce travail artisanal. On y trouve également du cola, des tissus pagne, des plantes médicinales, et j’en passe. Alors, dans ce bar de la place que j’ai minutieusement sélectionné, attiré par l’odeur des plats de la jeune dame, je m’installe pour déjeuner. Je fais un signe de main à la dame depuis ma table, hélas elle ne me voit presque pas. Il y a trop de monde devant elle.

Je patiente encore quelques minutes, mais elle ne vient pas prendre ma commande. Alors, je fais comme les autres.

C’est devant ses marmites que je trouverai à manger. Je ris et je lui dis bonjour.

« Les gens aiment venir devant mon comptoir pour passer commande. Ils ouvrent la marmite pour les plus impatients », m’explique-t-elle. Dans son menu du jour, elle propose du riz sauce tomate poisson, du couscous ndole, des pommes sautées, du bouillon de viande de bœuf et du porc-épic. Le Sud est une région du Cameroun où les gens consomment beaucoup de viande de brousse. Une viande que ma bouche n’avait pas encore goûtée. Après quelques secondes de réflexion, je me résous à prendre un plat de porc-épic et du manioc vapeur. Son repas était délicieux. La chair ressemblait beaucoup à celle du porc que je ne mange pas, mais avait un goût légèrement amer. Une amie blogueuse et membre de l’association des blogueurs du Cameroun m’a dit qu’il n’avait pas été très bien nettoyé.

©leventsoufle

Maintenant que j’ai le ventre bien plein, allons découvrir les festivaliers. La route qui mène au stade est goudronnée. Trois minutes de marche. Dans le programme, la cérémonie d’ouverture doit commencer à 13h. Mais vous connaissez l’organisation au Cameroun, il faut dire que le Camerounais n’est pas très carré avec la ponctualité. Mais bon ! Des gens que je rencontre sur l’allée me parlent de la fierté qui les anime au début de cette fête. De loin, j’aperçois la boutique d’un tailleur, juste à ma droite en quittant la place des fêtes. C’est lui qui me fait un signe de main. Alors, je vais le voir. Il s’appelle Martin, a 44 ans, et est issu de l’union d’un couple interculturel : papa bulu de Mengong et maman Eton, d’Elig-Mfomo, une commune dans le centre du pays. Il est tailleur et tient un stand sur la place des fêtes où il expose les tenues qu’il confectionne. Né à Mengong, il a été élevé dans plusieurs villes du pays comme le Sud-ouest et le Littoral. Il a appris la couture dans le Sud-ouest, auprès de son père qui en faisait également son métier. Mais c’est après le décès de son père qu’il a décidé de s’installer définitivement dans cette localité. Il est très impatient de revivre l’expérience du festival Bia So Mengong. L’année dernière, il n’a pas pu avoir un stand, mais cette année, il est super heureux d’avoir un coin où il peut présenter ses œuvres. La couture, c’est toute sa vie. Passionné par son aiguille, ses bouts de tissus et sa paire de ciseaux, il ne veut surtout rien envier à son petit frère qui est aux États-Unis. Comme il m’a appelé « nouveau visage » à mon arrivée, il souhaite la bienvenue à tous les festivaliers sur qui il compte pour porter très haut les valeurs sacrées de la ville de mengong: Sa paix, son vivre-ensemble et son ambiance toujours bon enfant. Avec Martin, nous avons bavardé pendant près de 30 minutes quand soudainement je vois deux jeunes gens traverser la rue tout couverts de blanc. Du visage jusqu’aux pieds. Il m’est difficile de déterminer s’il s’agit de filles ou de garçons. Alors je décide de leur parler. Ces jeunes gens ont l’air très pressés. Je leur demande juste une photo. La plus grande s’appelle Lucrèce et elle a 12 ans, tout comme son amie Maël. Elles me disent qu’elles sont déguisées tout en blanc parce qu’elles vont danser la bobokon lors d’une grande parade prévue en ouverture du festival.

Lucrèce à droite et Maël à gauche ©leventsoufle

J’arrive au stade. Il se fait tard et je ne vois aucune autorité aux alentours. Mis à part cela, le stade est bondé de monde. J’aperçois, à l’autre bout, un grand groupe de jeunes. Les garçons sont torse nu et les filles portent des soutiens-gorge noirs.

Dans les coulisses de la parade!

certains protagonistes de la parade©leventsoufle

Le thème de la deuxième édition du festival bia so mengong: c’est « l’union fait la force ».C’est Lord Rodriguez, un jeune artiste chercheur camerounais de 34 ans, spécialisé dans la mise en scène de théâtre et la création chorégraphique, qui organise la parade avec un collaborateur.Ils travaillé pendant une semaine avec des jeunes volontaires de la commune. C’est une parade d’ouverture inédite pour le festival. Rodriguez a choisi de raconter une histoire basée sur une légende qui sévit dans une contrée du centre sud-est. C’est la légende d’Akumuba, un chef de village qui terrorisait les populations avec ses guerriers. Et un jour, les villageois ont compris la nécessité de s’unir pour combattre le tyran, tout en montrant au chef tyrannique pourquoi il était important que tous soient unis. La pièce est constituée de 120 protagonistes représentant les quatre villages martyrisés. Il y a des danseurs, des majorettes, des acrobates, des chasseurs, des cracheurs de feu et bien sûr le chef et ses guerriers. Tous les acteurs sont des jeunes du village. C’est Jacques Albert Oyono, le collaborateur de Rodriguez, qui coordonne le maquillage des acteurs sous une tente en paille. Il m’explique que la technique de son maquillage a pour objectif de camoufler les personnages. Sur scène, il sera très difficile de reconnaître les danseurs.

C’est parti, Mengong allume son feu sacré !

C’est finalement très tard le soir que le festival a enfin commencé avec l’arrivée des autorités, du représentant du gouverneur jusqu’aux chefs traditionnels, qui participeront activement à la création des programmes tels que les contes autour du feu. « Bia so mengong » en langue bulu signifie « nous venons de Mengong ». Alors, vous pouvez être nés là-bas ou simplement être de passage, un peu comme moi. Les promoteurs du festival, Stève Felix Belinga et son épouse Mireille Gracia, à travers leur fondation, la Fondation Belinga, appellent à l’union des forces de chacun pour le développement de la petite commune carrefour. Pour vous faire vivre l’ expérience de ce premier jour de festival,je vous proposerai samedi prochain un podcast que j’ai réalisé sur place.Le festival qui a démarré se tient jusqu’au 29 juillet 2023. Ne ratez surtout pas mon podcast. Vous allez écouter mon interview avec Steve Felix Belinga, le monsieur à l’origine du festival

©leventsoufle



ChatGPT : Mieux que Google ?

Hier soir, j’ai testé la nouvelle application ChatGPT. On a longuement discuté sur un travail que je faisais sur la recherche scientifique en Afrique. Je peux déjà vous dire que j’étais impressionnée par la qualité des réponses à chacune de mes questions.

Le Logiciel d’intelligence artificielle chatGPT

Pourquoi ai-je téléchargé ChatGPT ?

J’étais sur Facebook entrain de surfer. Et bam ! Voilà, je suis tombée sur cet article de RFI : « Chronique des médias : ChatGPT, le robot qui menace l’écrit » C’est surtout le petit chapeau qui m’interpelle. « Le logiciel d’intelligence artificielle ChatGPT vient d’être interdit à Sciences Po et il pourrait déstabiliser le monde de l’information. » La logique veut que je clique sur l’article pour savoir pourquoi le logiciel a-t-il été interdit à Sciences Po. Mais non ! Je suis allée directement sur Play Store et j’ai téléchargé ChatGPT, alors que jusqu’ici je n’avais aucune envie de le télécharger. En moins de 2 minutes, j’avais déjà téléchargé la version Android et l’avais installée sur mon téléphone. Je valide les trois « next », et j’autorise cette application à utiliser le microphone de mon téléphone. L’interface est plutôt très simple : Une petite zone de saisie du texte et une grande réservée aux résultats. Aux chats quoi !

Première question : Quelles sont les études qui expliquent le retard de l’Afrique en matière de recherche scientifique ?

 Juste 4 secondes de recherche et j’ai déjà ma réponse.

« Les études qui expliquent le retard de l’Afrique en matière de recherche scientifique sont les études sur ces différents facteurs qui influencent le développement scientifique. Ces études montrent que le retard de l’Afrique est dû à différents facteurs, dont les politiques publiques, les infrastructures scientifiques, de lacunes de l’Afrique en terme de financement et de thèmes de recherche » m’a écrit ChatGPT.

Alors, la réponse est inattendue, mais juste ! Car, je m’attendais à ce qu’on m’indique les chercheurs qui ont menés des études dans ce domaine, et des chiffres clairs qui m’éclaircissent sur la thématique. Mais tout au contraire, ils m’ont donné des facteurs. Une réponse qui m’a aussi satisfaite.

Quelques jours avant

J’ai eu à interviewer des jeunes chercheurs qui, après leurs études à l’étranger et une fois de retour au pays, ne parvenaient pas vraiment à fournir un travail de recherche bien élaboré et précis. Beaucoup m’ont dit avoir abandonné, avant même d’avoir commencé. Car la recherche coûtait trop cher. D’autres ont vu leurs travaux de thèse rejetés, faute de profondeur. Les encadreurs ont trouvé peu de pertinence aux sujets. Certains avaient vraiment de bons sujets, mais ce sont les infrastructures qui étaient l’épée de Damoclès. Alors, je suis allée chez Google. J’ai tapé le même sujet et, voilà Google me propose tout un tas d’articles et aucune réponse précise. Il fallait que j’aille sur un article précis pour lire tout l’article, et trouver ce dont je cherchais.

J’ai changé de sujet : la guerre en Ukraine

Discussion avec chatGPT

La France a-t-elle envoyé des chars Leclerc en Ukraine ?

« Non la France n’a pas envoyé de chars Leclerc en Ukraine » m’a précisé chatGPT.  J’ai saisi une autre question. La France aura-t-elle raison d’envoyer de chars Leclerc à l’Ukraine ?  Et voilà la réponse : « Cette question est difficile à répondre, car les raisons qui poussent la France à envoyer ses chars Leclerc en Ukraine sont complexes et multiples. Certains analystes estiment que la France cherche à s’assurer la domination militaire dans le nord de la péninsule ukrainienne, tandis que d’autres pensent que la France veut protéger les intérêts économiques de son industrie de l’armement. » C’est grave pour la France de s’impliquer autant dans cette guerre si cette réponse s’avère vérifiée ?

 Mais seulement voilà, avant d’obtenir cette réponse, j’avais préalablement tapé : la France a-t-elle raison d’envoyer les chars en Ukraine ? La réponse de chatGPT est incroyable. « Il est difficile de répondre à cette question, car les raisons pour lesquelles les chars français ont été envoyés en Ukraine sont complexes et multiples. Certains analystes estiment que la France a voulu aider l’Ukraine à se défendre contre les forces pro-russes qui s’avançaient dans le pays. D’autres pensent que la France a voulu soutenir les forces ukrainiennes qui se battaient pour défendre leur indépendance. Toujours est-il que les chars français ont été envoyés en Ukraine et que les Français y ont participé activement. »  Par cette réponse l’application m’affirme que, la France a bel et bien envoyé ses chars en Ukraine et que « des Français y participent activement. » En plus, la France a bien des raison « multiples et complexes » si jamais elle décidait de copier l’exemple de Berlin. Et là je me demande si l’envoi de ces chars à l’Ukraine n’est pas un moyen pour tous ces pays, d’obliger Poutine à négocier, sans pour autant toquer à sa porte ?  Ces pays sont-ils motivés par cette volonté de faire plier Poutine ?  

Je suis encore allée sur Google et j’entre dans le moteur de recherche la même question. J’ai plusieurs articles à lire, mais encore aucune ne fait allusion à un envoi de chars français à l’Ukraine. Le Journal du dimanche parle de la « Guerre en Ukraine : La livraison de chars Leclerc français aurait « un effet limite sur le terrain » ». Le JDD précise d’après l’interview du président français, Emmanuel Macron, la possibilité de « livraison de chars de combat lourds Leclerc à l’Ukraine pour soutenir dans la guerre contre l’Ukraine » Bien que ce ne soit pas encore le cas de la France, seulement l’Allemagne et les États-Unis ont affirmé qu’ils vont envoyer des chars en Ukraine. Berlin parle de « chars Léopard ».

Là, j’ai compris des choses. Le Logiciel d’intelligence artificielle, répond juste littéralement à des questions comme elles sont posées. Si je sous-entends dans ma question que des chars français sont envoyés en Ukraine, alors il me donnera une réponse dans ce sens-là. La dernière question que je lui ai posée sur la guerre en Ukraine est : A qui profite la guerre en Ukraine ? l’application m’écrit aucune réponse définitive n’est possible, car « les intérêts des acteurs sont multiples et complexes. Certains groupes et personnes profitent de la guerre en Ukraine, tandis que d’autres en souffrent. »

C’est le logiciel d’intelligence artificielle chatGPT ?

Réponse de ChatGPT : « ChatGPT est un logiciel d’intelligence artificielle qui aide les personnes à communiquer avec les autres utilisateurs de chat en ligne. Il est capable de comprendre et d’interagir avec les utilisateurs, de les aider à trouver des réponses à leurs questions et de les aider à trouver des solutions à leurs problèmes. »

Sur le moteur de recherche Google, je clique sur la réponse de Ouest-France : « chatGPT est une application de langage qui peut être utilisée pour des taches telles que la génération de contenu, la traduction, la réponse des questions et la compréhension de langage naturel » L’application a été lancée en novembre 2022 par OpenAl et Elon Musk, le patron de Twitter et Tesla.

 Pourquoi le logiciel est-il interdit à Sciences Po ?

 Alors quand je lis l’article maintenant, j’y apprends, selon RFI, que chatGPT est une intelligence artificielle qui séduit, mais qui peut « relayer de fausses informations » C’est vrai, l’application ou le logiciel m’a séduit, mais à la fin je me suis perdu avec ceci, juste en bas.

Ma conversation avec chatGPT sur l’existence ou non d’une guerre en Ukraine


AVANCES : Toutes les filles cèdent-t-elles aussi facilement ?

Je lui donnerai 23 ans. Pantalon jean enfilé sur son t-shirt, sac à main suspendu à l’épaule, cheveux coiffés courts, teint chocolat baignant sous un soleil ardent de 14 heures. Elle avance tout calmement comme si, elle était seule dans cette rue. Mais bon voilà !

Dans le lit d’Henri Toulouse. Musée d’Orsay, Paris. crédit. Wikipédia

« La peau noire est trop facile à entretenir »

Au volant de son Hyundai, il admire sa silhouette. Sur le siège droit de la portière avant, se relaxe son collègue, riant l’admiration de son pote pour la jeune qui déambule au bord de la route. Car la fille n’est peut-être pas à son goût. « Trop noire » remarque-t-il. Mais l’autre n’est pas d’accord. « La peau noire est trop facile à entretenir » le raisonne-t-il.  Et moi dans tout ça ; où me trouve-je ? Derrière. A l’extrême gauche de la portière. Le conducteur est mon collègue de service et, nous rentrons d’un tournage, quand tout à coup, il se range sur le côté :

  • Lui : salut bébé !
  • Elle (timidement répond) : Bonsoir !
  • Lui : Est-ce qu’on peut prendre un pot ce soir ? lance -t-il sans aucune élégance, sans aucun style.
  • Elle (d’un air très surpris et semble ne rien comprendre, s’étonne) : hum !?

(Il reprend sa question)

  • Lui : Est-ce qu’on peut prendre un pot ce soir, toi et moi ?
  • Elle : OK.

(Son « OK » est accompagné d’un signe de tête qui valide le rendez-vous)

  • Lui : Et comment je fais pour te joindre ?

(Vous comprenez qu’en ce moment, le gars veut le numéro de téléphone. Quel dragueur !)

  • Elle : 6……16 (Elle lui passe le numéro vite fait)
  • Lui : Et je mets quel nom ?
  • Elle : Flora.
  • Lui : OK bébé

(Et elle s’en va.)

Ma claque…

A moins d’une minute trente secondes, il a obtenu son numéro. 1’30 ! C’est la durée d’un reportage télé ça. Ma claque ! Après le départ de la fille, comme cela ne suffisait pas, il se régale en assurant qu’« elle est gérable pour ce soir »

En ce moment-là, nous avons tous rigolé. C’est vrai j’en ai aussi rigolé, de la facilité avec laquelle il a eu le numéro de « Flora »

Pourquoi Flora s’est-elle montrée aussi généreuse ?

Coup de foudre ? Était-elle sous le charme de mon collègue ? Était-elle surprise de voir ce jeune homme véhiculé s’intéresser à elle ? Qu’est ce qui a bien pu, la motiver à donner son contact à cet inconnu ? Autant de questions, je me suis tout de suite posée. Après tout, c’est quoi un numéro de téléphone. Ça ne finit pas quand on le donne à quelqu’un. En plus vous savez ce qu’on dit chez les Bamouns (une tribu de l’Ouest du Cameroun) : « Qui tend plusieurs pièges ne passe pas la nuit affamée », ou un peu plus chez nous les Grassfields (terme qui désigne les Bamilékés, habitants des hauts plateaux de l’Ouest Cameroun) :« Pour pousser droit, l’arbre a besoin de s’appuyer sur un autre » Avec tous ces proverbes, je me demande juste si elle a fait tout ça par ambition. La rareté du mariage et les dogmes de la société poussent la nouvelle génération féminine, à être un peu plus intéressée.

Elle a honoré le rendez-vous.

Elle est venue ! A 18 heures, notre service est terminé. Déjà avant 18 heures, mon collègue était introuvable. Je devais le voir avant de rentrer. Soyez tranquille, rien avoir avec l’histoire du matin. Je le cherchais pour tout autre chose. Et puisqu’il est introuvable, avec mon amie, on se résolve à rentrer.

En pleine conversation, on traverse son véhicule, et voilà qu’il pousse la portière :

  • Lui : Hey les filles, vous rentrez déjà ?
  • Moi (surprise) : Hey J, te voilà. Je te cherchais. En passant dis-moi, est-elle venue la fille de cette après-midi ?
  • Lui : Mouf, tais-toi ! S’énerve –t-il en m’éloignant de la portière. Visiblement ce pot va se prendre dans la voiture.

En ce moment, je suis vraiment très embarrassée. Dieu merci, Flora n’était pas notre sujet de conversation. Hélas, je constate qu’elle bien assise dans la voiture. La suite de l’histoire je ne la connais pas. Vous allez me demander où est le mal, pourquoi cet article. Moi je vous demanderai : Est-ce réfléchi de donner son numéro de téléphone à un inconnu qui vous invite le soir, pour un pot ? A moins que ce soit cet autre proverbe de chez moi qui passe le mieux : « Un cadavre ne craint pas le tombeau »

                                                                                                             A bientôt !!!


Musique : rencontre avec le groupe, capitale du Mbole Malgache

 Bonjour les ami(e)s, pour notre tout premier épisode de « le monde qui nous parle », je vous emmène dans les voix d’un groupe de chanteurs « capitale du mbole malgache » rencontré par hasard ici à Yaoundé. Pinou, Bad boy, fap cent, g – manito, aminou, Bobby, le renard, Marius premier…. Ils sont jeunes, dynamiques, et portent fièrement ce nouveau style musical « le mbole », très peu valorisé dans le milieu culturel camerounais. Je leur ai posé quelques questions. Ouvrons grands nos oreilles. L’audio est disponible sur spotify et anchor.

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La Marfée : Yannick Noah, sur le chemin du Cameroun.

Est ce que vous êtes du genre à tout faire maintenant ? Ou à tout remettre toujours à demain ? Si vous êtes pour le deuxième cas de situation, sachez-le: C’est une très mauvaise habitude. Et si, vous écoutez plutôt Yannick Noah, dans « La vie c’est maintenant », le sixième titre qui apparaît dans son nouvel opus, La Marfée,sorti ce 21 octobre. Sur le chemin de son Cameroun, Yannick Noah, à la soixantaine sonné range cet album dans ses valises. Ce billet revisite, le grand retour d’un artiste à deux continents,à la singularité musicale exceptionnelle.

Après 50 années passées en France, Yannick Noah s’en va, pour retrouver l’autre partie de lui longtemps délaissée en Afrique,au dessus de l’équateur : Son cameroun. Ce Cameroun là, il n’y est pas peut-être pas né, mais c’est là où toute sa vie se trouve désormais !

Etoudi.

Etoudi, c’est le village du papa de Yannick Noah. Zackarie y a construit à l’époque après son retour au Cameroun, un country club et Marie- Claire, la femme de zacharie-noah, maman de Yannick y a développé son école : La marfée.
Aujourd’hui et depuis, Etoudi non seulement abrite le palais présidentiel, le palais d’Etoudi à Yaoundé, la capitale du Cameroun, mais aussi le village Noah : Un temple culturel. Il remonte les racines de l’histoire de la famille Noah. C’est aussi là qu’est enterré son papa, décédé en 2017. C’est lui qui avait posé les bases du premier tennisman français à avoir remporté un tournoi de grand chelem de l’ère Open en simple Messieurs. Lors de sa première tournée africaine en juillet dernier, après sa réélection à un second quinquennat, emmanuel-macron y a fait un tour.

Emmanuel Macron au village Noah à Etoudi le 27 juillet 2022

Le temps passe, les choses changent, les personnes vieillissent, mais la voix de Yannick Noah traverse toujours les esprits.

Le retour en chanson de Noah.

Aucune trace de ride l’habite. Voilà maintenant 3 ans qu’il n’a pas été entendu. Depuis son dernier,<Bonheur-Indigo> Yannick Noah était encore effacé, comme quand il était athlète, et que seul la musique fût sa seule <thérapie>. Et voilà maintenant 30 ans que Noah distille de la douceur ; transportée par des sonorités Africaines, dans un style que seul lui sait le fabriquer, façonner et féminiser à chaque fois. Le tout, au milieu d’une France où il était né. Aujourd’hui, plus aucun doute, Yannick Noah veut faire sa vie loin de cette France qui l’a aimée, applaudie et qui, détient toujours et à jamais, son autre moitié : l’autre couleur de sa peau. Mais il a fallut attendre que la soixantaine frappe à sa porte et qu’un coronavirus impose son confinement en 2020, pour que l’artiste songe à retourner là où l’attend une très grande responsabilité : Celle de chef du village d’Etoudi. Quoi de mieux qu’un retour en chanson! Comme pour dire à qui veut l’entendre, I am < Back to Africa>, je suis <rentré en Afrique>.

La Marfée, un hommage à 13 titres.

Invité de Quotidien, sur TMC, Télé Monté – Carlo, la chaîne de télévision généraliste française du groupe TF1, Yannick Noah, le sourire toujours habillé par un espace dentaire charmant, révèle l’origine de la Marfée, à la question de Yann Barthes.
« L’album est sorti aujourd’hui [21 octobre 2022],il s’appelle la Marfée. C’est quoi la Marfée ? » Yannick Noah : « La Marfée, c’est la mélancolie.C’est la mélancolie de ma maman qui est en Afrique,qui pense à sa forêt dans les Ardennes. Tant bien même, j’avais jamais mis les pieds dans cette forêt. J’avais rêvé de printemps, je rêvais d’automne, j’étais au Cameroun, ça n’existait pas. Mais là, elle parlait de sa Marfée avec une telle émotion, que voilà, elle a appelé son école au Cameroun, la Marfée » S’amuse le chanteur. Pour tout résumé, c’est un « clin d’œil » après 50 ans, « à ma maman française qui m’a fait aimer le Cameroun« . Opus de 13 titres, la Marfée est peut-être la chose qui retrace au mieux la vie d’un enfant de 12 ans qui rêve de devenir joueur de tennis. « Je suis parti trop tôt du Cameroun. J’avais 12 ans. Je rêvais d’être joueur de tennis. Je suis arrivé ici[ en France], on m’a donné un billet Yaoundé – Marseille, Marseille – Gare Saint-Charles, tout seul avec ma valise…….. J’ai passé 50 ans magnifiques, avec toujours un petit manque  » s’attriste Yannick Noah.

https://www.tf1.fr/amp/tmc/quotidien-avec-yann-barthes/videos/invite-yannick-noah-celebre-la-vie-au-cameroun-dans-son-nouvel-album-97251796.html

« Back to Africa », « un choix qui s’impose« 

« J’avais envie de retrouver mon enfance » déclare Yannick Noah.
La fête,le partage, tout le bonheur et la transmission de la culture ont toujours accompagné les mélodies de Noah. Dans cet album, c’est bien le car avec « La vie c’est maintenant« . Yannick Noah rentre, sans regret…. ni de rancœur, en voyant « les choses en grand » Et nous devons l’appeler désormais, « Majesté ». Un titre honorifique à lui attribué par son grand Père.
Mais pour le voir à la chefferie, nous allons attendre ici, au Cameroun qu’il achève ses concerts les 12, 13 et décembre 2022.

le soleil brille dans les rues de Yaoundé, assis dans un coin de la rue, tout juste derrière le mur l’institut français, Yannick Noah est entrain d’enregistrer une partie du vidéogramme


World clean-up day : un groupe de jeunes nettoie des décharges sauvages

C’est depuis 4 ans, donc septembre 2018 que la journée mondiale du nettoyage de notre planète dite, world clean- up day, a été lancée dans 150 pays du monde. Inspirée par le mouvement « let’s do it« , en Estonie, pour lutter contre la pollution urbaine et encourager le « zéro déchet« , la date du 17 septembre a été retenue cette année (2022) pour des nettoyages citoyens de l’environnement.

Trier les déchets plastiques, une priorité pour Fresh Impetus.

Fresh Impetus, comme pour dire : « nouvel élan », « nouvelle dynamique« , est une association à but non lucratif, camerounaise qui œuvre pour l’atteinte des objectifs du développement durable en Afrique, et voir au-delà du continent dans les domaines de l’éducation, la santé,la culture, la préservation de l’environnement, et l’accompagnement socio-économique des collectivités territoriales décentralisées.

Pour cette journée mondiale du nettoyage de notre planète, Ulrich ZE coordinateur de Fresh Impetus a mobilisé quelques membres disponibles de l’association pour un nettoyage de la commune.

C’est dans une décharge repérée dans la Petite commune de Nkolafamba, dans le département de la mefou et Afamba qu’ils vont passer leur matinée. Progressant de plus en plus, vers la chaussée, alors que le trottoir est déjà pris en otage, en face d’un établissement scolaire, la décharge rassemble déchets plastiques et organiques.

La Pollution plastique, un phénomène inquiétant.

Dans la ville de Yaoundé, il est difficile de parcourir plus de 5 km sans croiser au moins une décharge sauvage. Laquelle contient encore et toujours les mêmes déchets. Et le plastique qui à chaque fois est le déchet majoritaire. Pourtant en termes de matière polluante, il est le déchet le plus polluant au monde, du fait de son degré de dégradation extrêmement lent. C’est pour cette raison que les jeunes défenseurs de l’environnement ont choisi de nettoyer les décharges sauvages tout en triant les déchets plastiques et sensibilisant les habitants sur la nécessité de créer des poubelles typiques à une catégorie de déchets précise.

Le plastique a tout pris, et à tout prix !

Au quotidien, des tonnes de bouteilles d’eau minérale sont séquestrées dans des zones marécageuses de la ville. Que dire des sachets d’emballage à usage unique, que les supermarchés et autres grandes boutiques alimentaires donnent aux consommateurs. Après usage, on les abandonne toujours dans la nature. Un geste plus qu’incivique et immoral envers la terre où vivent d’autres espèces.

Emballages à usage unique, le problème à résoudre.

Est-ce qu’on peut imaginer une vie sur terre sans plastique ? C’est la question que j’ai eue à poser au coordinateur de fresh impetus. La réponse est dans la question. Mais cela est dans l’intérêt de tous. Aux populations, la culture du besoin d’autres choses, autre que le plastique pour emballer leurs courses.
Aux entreprises de production, la réduction et aux sociétés de recyclage des dechets plastiques, la revalorisation. La responsabilité de chacun est vraiment à mesurer pour donner une nouvelle vie au plastique. Le jeune coordonnateur de l’association pense que les Camerounais ne sont pas en mesure de se passer des emballages plastiques.

Mais si les politiques mettent en place des productions biodégradables, comme des sacs en bois ou en tissu, mais surtout réduisent les importations des plastiques, la nature pourra être capable de supporter les effets qui en découlent s’ils sont jetés après.

La contribution de Fresh Impetus.

Sur l’utilisation responsable des emballages à usage unique, l’association Fresh Impetus a voulu par leur geste, lors du world clean-up day, trier les déchets des décharges, constater qui sont les plus grands pollueurs par la quantité des bouteilles trouvées sur place et intensifier la sensibilisation des consommateurs; Lors des actions futures ,ils comptent interagir avec des mairies pour la mise en place des politiques environnementales urgentes, fédérer les actions avec d’autres associations qui luttent pour la préservation de la nature.

« Le grand challenge ici reste vraiment la communication. Communiquer massivement sur les méfaits du plastique envers l’environnement et chercher à dialoguer sur la même table avec l’État, les revendeurs et proposer des solutions pratiques. »



Marie Mbala Biloa : la voix camerounaise des invisibles

À 24 ans, Marie Mbala Biloa avait déjà 4 enfants. Son premier, elle l’avait eu à l’âge de 18 ans. Écartée des études par son père qui les jugeait inutiles pour une femme, elle va se lancer dans le petit commerce pour se frayer un chemin et nourrir ses 4 bouches.

Née le 20 décembre 1954 à Obala, dans une famille de battants, la jeune Marie fait également le choix comme ses sœurs et son frère d’être une revendeuse. C’est par l’agriculture,dans son village, que Marie Mbala pose ses bases.À cette époque là, les marchés populaires, on en comptait très peu. Le plus connu était le marché SHO, dit encore marché Ongola dans la ville de Yaoundé. Et c’est donc là, qu’elle déchargeait ses récoltes. Elle y retrouvait sa sœur Martine, une revendeuse de vivres-frais.

« Le 117 ou le bataillon d’intervention rapide »: Ce qu’est une Bayam-Selam.

Sont dites « Bayam-Selam », des femmes qui achètent des vivres fraîches dans les zones reculées (brousse, grand marché de déchargement), pour ensuite les revendre dans les marchés locaux de la ville. Debouts à la première lueur du jour, elles n’ont qu’un seul objectif : trouver la meilleure marchandise. Certaines vont directement en brousse la chercher, d’autres par contre, attendent sur place. Elles y sont par vague. Les plus grandes Bayam-selam arrivent à 2h, les moins, à 4h. Pendant que beaucoup sont entrain de dormir, il y a des gens qui cherchent de l’argent toute la nuit dans les marchés d’approvisionnement. Le plus célèbre aujourd’hui à Yaoundé, est le marché du 8ème. Là bas, on trouve un peu de tout : tomates, carottes, ognons, pommes, choux, prunes, bananes, plantains entre plusieurs autres vivres frais. Des produits très périssables.
Réussir à les avoir, la tâche ardue. Une posture de guerrière, un vestimentaire approprié. « La profession est ouverte à tout le monde, n’importe qui peut-être Bayam-Selam, surtout qu’on n’a pas besoin de rédiger des tonnes de lettres pour être recruter dans le métier », souligne avec humour Marie Mbala Biloa, lorsque je lui demande qui peut être Bayam-Selam.
Alors derrière les camions de bananes- plantains, vous les verrez à pas de course. Dans la boue, sous le froid et plus tard sous le soleil, le kabba nageant sur le corps, elles ont enfilé dessus un pantalon. Elles y associent de longues chaussettes qui parfois montent jusqu’aux genoux. Attention à la mauvaise chaussure ! Il faut surtout des souliers très confortables. Pour compléter ce vestimentaire typique, certaines Bayam-Selam arborent sur la tête, un chapeau tissé en paille.

Les Bayam-Selam sont des femmes qui ne se lavent pas !

Se remémore la présidente de l’association des Bayam-Selam dans une chanson où le nom de l’auteur l’échappe.

Hélas, ce style vestimentaire leur a malheureusement créé une fâcheuse réputation de femmes « sales », qui « ne se lavent pas », qui « ne peuvent pas se marier », qui « s’adressent mal aux clients ». Marie Mbala Biloa Biloa regrette cette image que la société avait collé à celles qui sont aujourd’hui qualifiées de « mamelles nourricières » du pays.
Assise sur son canapé, dans son salon et moi, juste à côté d’elle, elle se remémore tristement les risques que présentent ce métier. Comme par exemple des risques de viols ou encore des soupçons d’infidélité. Mbala Biloa, n’a rien subi de pareil. Mais elle sait que ce sont des situations qui ne manquent pas, bien que ces femmes n’osent pas libérer la parole.
Pour briser les barrières, faire taire les préjugés et redorer l’image de la femme Bayam-Selam, elle va fonder en 2004, l’ASBY, l’association-camerounaise des Bayam-Selam. Une association qui voyage aujourd’hui sur le continent africain et qui parcourt déjà le monde.

Marie Mbala Biloa : la porte-parole des sans-voix

De taille, elle est grande. La voix, elle l’a héritée grave, comme celle d’un homme. Elle est toujours remarquable. Devant les chaînes de télévision, à la radio, personne ne peut l’ignorer. Grâce à son caractère imposant, elle réussit toujours à attirer les regards au passage. Et si aujourd’hui, elle est la candidate parfaite pour une émission de débat sur un secteur essentiel, c’est parce qu’elle se dit : « La porte-parole des sans-voix. madame la journaliste, quand vous me voyez dans les chaines de télévision comme dernièrement on était à l’extérieur, on est entrain de former une plateforme de femmes leaders. Quand les femmes d’affaires comptent les milliards, moi je compte les millions de personnes vulnérables qui n’arrivent pas à manger. J’étais Bayam-Selam, aujourd’hui Dieu m’a appelé pour que je les accompagne. Je ne me définis pas comme une femme d’affaire, parce que je suis dans le social. ASBY est à but non lucratif et tout ce que nous faisons c’est pour le petit peuple », poursuit-elle « C’est dire, madame la journaliste, il n’y a pas de sots métiers, il n’y a que de sottes gens », conclut celle qui mène une bataille pour les laissées pour compte.

C’est pour cela que l’un des plus grands projets de l’association à l’heure actuelle, est la construction d’un marché écologique et moderne, financée par la banque africaine de developpement, « ASBY market ». La lutte contre l’insalubrité, la création des emplois pour les jeunes reste une priorité de l’association, au-delà de promouvoir l’autonomisation de la femme Bayam-Selam.

ASBY, une association un jour, une association pour toujours

Reconnue d’utilité publique en 2016, 12 ans après sa création, ASBY n’a fait que gravir les échelons. Au début, créée sous le label de l’association des Bayam-Selam de Yaoundé, l’assainissement des marchés par Tsimi-Evouna, l’ancien délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Yaoundé, Marie Mbala Biloa, et ses collaborateurs vont passer à l’étape supérieure : nationaliser l’association, puisque l’opération du délégué traduisait l’assainissement des mœurs des Bayam-Selam. C’est à travers un congrès extraordinaire des Bayam-Selam de Yaoundé et des environs que la nouvelle ASBY voit le jour, Association des Bayam-Selam du Cameroun. Elle a pour but : le renforcement des capacités des Bayam-Selam, les formations sur la gestion des financements et l’accueil des clients entre autres. Sur cette approche, elles sont soutenues par ONU Femmes. Et ce n’est pas tout. L’association contribue également à la promotion de la sécurité sanitaire. Aujourd’hui l’ASBY est représentée à l’international. Et son logo dit tout : deux femmes sur le globe monde.

La vie chère : le malheur de l’ASBY

Depuis le covid, l’association en a pris un grand coup. Les fermetures précoces du marché, et maintenant la guerre en Ukraine qui a provoqué la hausse des prix des produits de première nécessité. Face à tout cela, l’ASBY a souhaité se labelliser, booster sa production et transformer sur place les produits locaux. Elle propose la transformation du manioc, de la patate en farine par exemple, afin de pallier la dépendance du blé.

Avec près de 3 millions de membres à travers le Cameroun et plusieurs antennes à travers le monde, l’association a besoin de la logistique. L’ASBY a besoin des camions pour transporter sa propre marchandise retenue dans les zones ravitaillement. Ce qui lui permettra d’être moins acculée par la vie.

Mais en attendant tout soutien extérieur, l’association des Bayam-Selam du Cameroun et de la diaspora vous convie du 13 au 23 décembre à la 9 ème édition du Forum national d’échange entre les Bayam-Selam et acteurs du secteur informel, le febasi qui vise à lutter contre la vie chère en période de Noël et du nouvel an.

De Bayam-Selam à la tête de l’ASBY : M M B est bien dans son couloir

Pour tenir dans ce métier, il fallait qu’elle soit passionnée, qu’elle ait la volonté. Lorsqu’on recherche un emploi, on rédige toujours une lettre. Dans le domaine du Bayam, aucune lettre n’est admise. À qui l’adresser puisque c’est un secteur très informel ? Il faut donc avoir la volonté, l’engagement et la détermination pour se lancer. « Chez le Bayam-Selam, il n’y a pas le « j’ai l’honneur » (ndlr : « j’ai l’honneur » sont souvent les premiers mots d’une lettre de candidature), il faut être forte. Et si tu ne l’es pas, on t’étouffe », explique Marie Mbala Biloa, qui a résisté face aux défis.
Grâce à son métier, elle a voyagé. Elle a pu rencontrer des grandes personnalités : la première dame du Cameroun et son époux, Christine Lagarde… À la jeunesse, son message est clair : « Laissez la facilité, évitez le porte-monnaie magique. Sur les réseaux sociaux, prenez le bon et laissez le mauvais, c’est le travail qui paie ».
La crainte, elle n’en a jamais eu, même avec un fusil sur la tête! dit – elle. Parce qu’elle le sait. Elle défend une noble cause. Celle des Bayam-Selam, devenues « la marque déposée du président de la République du Cameroun, le congélateur national du petit peuple. »


Rachel Kéké : « Une histoire historique », une ancienne femme de chambre, ivoirienne, devenue députée française

Une femme de ménage dans la chambre basse du parlement français. Incroyable, mais vrai. Le plus incroyable, c’est que cette femme de ménage s’appelle Rachel Kéké et qu’elle est Ivoirienne depuis 1974. Sous la cinquième République,sous un second mandat d’Emmanuel Macron, investie par la France insoumise, Rachel Raïssa Kéké est élue députée aux élections législatives de 2022dans la septième circonscription du Val-de-Marne en France.
En accédant à ce poste, elle met ainsi un terme aux dix années et un jour de fonction de Jean-Jacques Bridey dans cette circonscription.

Rachel Kéké : le passé d’une jeune fille battante

Rachel Raïssa Kéké est née le 30 mai 1974 dans la commune d’Abodo en Côte d’Ivoire . Sa mère était vendeuse de vêtements et son père, conducteur d’autobus.Orpheline de mère à l’âge de 12 ans, elle commence à travailler à 16 ans comme coiffeuse, ensuite comme caissière enfin comme aide à domicile pour personnes âgées avant de s’envoler pour la France , après le célèbre premier coup d’état de décembre 1999 en Côte d’Ivoire.
Quand la jeune femme débarque en France,elle a alors 26 ans et continue de travailler comme coiffeuse, ce noble métier qu’elle maîtrisait bien. Car les études, elle les a arrêtées trop tôt. Des enfants, elle en a 5,et elle est mariée à un chanteur ivoirien. Depuis 2015, elle a officiellement la nationalité française.
Femme de chambre à l’hôtel Ibis Batignolles depuis 2003 en temps partiel, ce n’est qu’en 2017 qu’elle passe à plein temps, après des demandes interminables et jamais aboutissantes.

Rachel Kéké, la progressiste.

C’est à l’hôtel lbis-des-batignolles que tout a commencé. Ce jour là, le 27 juillet 2019, 28 femmes de chambre, majoritairement Africaines, Rachel Kéké comprise, se sont mises à porter un certain nombre de revendications. L’amélioration des conditions de travail, l’augmentation du salaire mensuel…… Après deux années de grève, les femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles obtiennent gain de cause. Et depuis, devant les médias français cette Africaine dénonce l’injustice que subissent les femmes noires dans les sociétés françaises.

La course aux législatives

Elle entre dans la politique. Là voilà, sans masque, sans vouloir la perfection avec son accent, avec ses bonnes vieilles habitudes, mais surtout une feuille de route qui en dit long. En signant la fin de la grève de l’hôtel Ibis, elle est remarquée par la nouvelle Union populaire écologique et sociale, lancée le 7 mai 2022 par Jean-Luc Mélenchon .Voilà son leimotiv : la situation des travailleurs essentiels et la nécessité qu’ils soient représentés à l’Assemblée nationale. Sacrée Kéké !
Et c’est elle qui porte le mieux cette voix aujourd’hui. C’est elle qui parle avec ce ton africain, sans complexe sans masque, pour tous ces travailleurs essentiels; vigils, femmes de chambre commerçante, profs mal payés .. à l’Assemblée nationale française. Rachel Kéké est cette personne qui est arrivée à la bonne place. Cette place lui convient et elle peut en supporter le poids. Voilà ce qu’elle affirme et se demande.

Les hommes et les femmes politiques ne savent pas comment nous vivons. Si nous ne sommes pas à l’Assemblée nationale pour plaider pour notre propre cause, qui le fera ?

www.jeuneafrique.com du 20 juin 2022

Classée première au premier tour des élections législatives 2022, Rachel Kéké se hisse devant l’ancienne ministre des sports français Ricana Maracineau avec 37,22 % des suffrages exprimés contre 23,77 %. Au second tour, ça se concrétise enfin, un miracle se produit. Elle est élue à 177 voix près. Elle prend le contrôle du Val de Marne, sa circonscription, et file à l’Assemblée nationale. Car c’est là qu’elle réside. Et tout le monde la connaît. Et je l’ai vu distribuer les tracts à la télé. Demandant aux gens dans la rue de voter pour elle.

Rachel Kéké, la voix des sans voix

Quel média français n’a pas diffuser cette première émotion de Rachel Kéké après la proclamation des résultats de l’élection législative ? « Ça c’est une histoire historique ». Qui y aurait cru, qu’une femme noire africaine, sans diplôme, et en plus femme de ménage occuperait un siège à l’Assemblée nationale française ?

Aujourd’hui ça se voit. Ça se vit. On voit Rachel Kéké défendre des projets des lois. On voit Rachel Kéké siéger dans la commission des Affaires sociales. Que ceux qui ont souvent l’habitude de voir l’impossible devant le possible se taisent maintenant ou ils ne parleront plus jamais de leur vie. Rachel Kéké est exemple parfait.
Elle ne mâche ses mots, elle ne ménage aucun effort pour se faire entendre à toute la France entière, à cause de son franc parlé Sinon elle aurait tout abandonner au cours de deux années de grève. Deux années de mépris, d’insultes, d’intimidations encaissés de ses détracteurs. C’est elle aujourd’hui qui fait vibrer le palais Bourbon avec un vocabulaire brut.
Elle nous avait prévenus sur son compte Twitter à la veille des élections qu’elle  » arrive! ». Elle est bien là. À l’Assemblée nationale, écharpe tricolore accrochée sur sa veste rose. Elle y siège pour les Invisibles.


Cameroun : les prunes, ces délicieux fruits stars de vacances

Elles apparaissent dès le début du mois de juin et commencent à disparaître à l’aube du mois de septembre. Entre juin et septembre, elles nous accompagnent tout le long des vacances. Elles ne nous quittent pas une seule seconde, et nous non plus ! Ce sont nos stars de vacances au Cameroun. Les prunes, voilà comment on les appelle au pays Roger MILLA.Au Congo on dit safous, et au Gabon, tenez vous bien, la bonne appellation c’est atangas.


Les prunes n’ont jamais manqué au grand rendez-vous annuel. Les holidays !
Tiens tiens, c’est les vacances. Et elles sont arrivées sous toutes les formes. Plus longues, grosses, moyennes, plus sombres ou plutôt charnues et sucrées dans leurs endocarpes, ou tantôt très acidulées. La gamme est bien variée cette année les amis, les amoureux de la prune.

Les prunes sur ma route, je salive !

C’est mon fruit préféré. Le meilleur même. Vous imaginez un peu mon impatience chaque année? Attendre un an avant de savourer cette chair délicieuse. C’est pour cela que, lorsque l’occasion se présente comme maintenant, et bien je prends mon pied !

Comment se procurer cette prune?

Il faut d’abord quitter la maison. Sortez, allez en route et admirez ce trésor de la nature. Gardez les yeux ouverts et surtout les narines bien débouchées. Dans les rues et les marchés, ce sont des colonies de prunes qu’on croise.
Cuites à la braise ou bouillies à l’eau chaude, elles se mangent avec du plantain, des bâtons de manioc ou du maïs braisé.
Moi, à la maison je les aime grillées à la poêle, assaisonnées à l’huile.

Commerce des prunes, une activité saisonnière

La prune n’apparaît que de façon saisonnière. Alors les femmes profitent de ces nouvelles venues pour changer d’activité. Le commerce de la prune peut être à l’origine de la scolarisation d’un enfant au pays. Vendues cuites ou crues, chacun trouve son compte, grossistes comme détaillants.

Les Bayam-sellams, ces femmes de l’aube

Les Bayam-sellams se lèvent très tôt. À 4 heures du matin, elles ont déjà quitté leur petit lit.
Bravent la peur, sous le brouillard et se rendent dans l’un des marchés le plus célèbre de la ville de Yaoundé à la recherche des prunes. Une marchandise le temps d’une saison.
C’est grâce à leurs efforts que certains marchés de la ville sont aussi approvisionnés en prunes. À Mondong mon quartier de résidence, certaines Bayam-sellams arrivent dès 7 heures du matin avec la marchandise.
Je les admire. Leur détermination démontre leur grande force face à tout obstacle.

Les prunes contribuent à la sécurité alimentaire

Ah ! Ce goût moelleux qui humecte ma bouche n’est pas sans conséquence.
Fruits oléagineux, les prunes contiennent près de 22 % de lipides. Ce fruit possède un éventail de richesse nutritionnelle, les nutriments. La prune contribue à la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans les pays où elle est présente. Riche en acide gras, sels minéraux (potassium, cuivre et magnésium), vitamine C, elle fait partie de la famille des burseracées. Le fruit est composé d’une pulpe (la partie qui se mange) et d’un noyau. Celui même qui donne la jeune plantule.
Mais en attendant qu’elle pousse, je savoure les safous qui noircissent sur les safoutiers.
Bon appétit et bonnes vacances!