Des mains au cœur de l’immersion au festival Afropolitain Nomade

Article : Des mains au cœur de l’immersion au festival Afropolitain Nomade
Crédit: André Joël Ngassi
1 juillet 2022

Des mains au cœur de l’immersion au festival Afropolitain Nomade

André Joël Ngassi, artiste peintre pluridisciplinaire, devant sa toile au studio des artistes. Crédit : leventsoufle.

Avec sa coupe de cheveux légendaire à la Foly Dirane, ses yeux enfouis dans son visage et sa tenue décontractée, André Joël Ngassi a tout pour plaire. Sa spontanéité, son ouverture aux personnes qui l’entourent, son charme, mais surtout sa peinture. Ses mains électriques ont trouvé une place au festival Afropolitain Nomade ; que je me fais une joie aujourd’hui de surnommer « la galerie des artistes mystérieux ».

André Joël Ngassi pense immersion

Crédit : André Joël Ngassi

Immersion, c’est le thème donné à tous les artistes qui ont pu être sélectionnés au festival comme André. Dans le cadre des arts visuels, l’artiste a travaillé sur ses mains qui sont pour lui le meilleur canal de communication entre les hommes et la nature; exploitant ainsi les traces visibles de la main. Les mains sont un éventail de richesse énergétique. André les décrit comme des capteurs d’énergie et des grands transmetteurs d’émotions.
Sur un tableau carré de 150 cm * 150 cm, André Joël Ngassi dispose ses mains dans différentes positions (deux mains qui représentent des entités humaines) l’une au fond de l’eau retenant l’autre qui trône au dessus des vagues. À travers cette matérialisation, il ressort une réalité. « Je représente des mains qui s’entraident, qui se redéfinissent en tant que soi-même, en tant que communauté et en tant que société. Et qui traduisent la différence entre les hommes », complète André. À l’intérieur des mains d’André Joël Ngassi, on peut voir des câbles. Ces câbles qui représentent des vaisseaux sont des transmetteurs d’énergies, pris dans la nature pour canaliser l’énergie dans un univers majoritairement constitué d’eau.
Et voilà ! Ne dit -on pas que la terre est une planète bleue ? Elle est constituée de 71% d’eau. D’où l’importance de l’eau dans l’œuvre de l’artiste car c’est elle qui fournit l’énergie, c’est elle qui alimente les câbles d’André Joël Ngassi.

Les mains d’André Joël Ngassi : une histoire à raconter

La toile d’André Joël Ngassi m’a frappée au premier regard. C’était au studio des artistes visuels du festival Afropolitain Nomade, à Douala. Un 24 juin. J’ai été électrifiée par le flux d’émotions que projette la toile. J’ai eu comme un coup de foudre. Et je voulais parler à son créateur. Hélas, André n’était pas là. Dans une curiosité absorbante, je suis revenue le lendemain, le 25 pour comprendre l’ association câbles, mains, eau et couleurs. André était là !

L’autre toile d’André sur les mains. Crédit : André Joël Ngassi

L’histoire que le jeune homme raconte est plutôt simple. Maîtrisant la question de relation humaine (la relation homme à homme, et la relation homme à environnement), il montre comment l’homme se définit en tant que être profond et en tant que société. Et entendez par société ici, le biotope.

La préservation de l’environnement, le combat d’un artiste peintre

Cela fait bientôt une décennie que le jeune André mélange des couleurs. À 34 ans, il milite pour la préservation de la biodiversité. Cette biodiversité qui détermine le côté humain de l’Homme à travers ses actions. En tant qu’être le plus actif de la planète, l’Homme se sert de la biodiversité pour survivre. Une action qui peut modifier négativement l’environnement. C’est donc un combat en trilogie que mène le peintre : spirituel, interne et sociétal.

Festival Afropolitain Nomade : la grande opportunité.

En 10 ans de peinture, André a eu très peu, d’aussi grandes opportunités. Raison pour laquelle il n’a même pas pris une minute de réflexion lorsqu’il a reçu le coup de fil d’Afropolitain. Pour un évènement qui en est à sa dixième édition, quoi de mieux que de chercher un jumeau. C’est la toute première fois qu’André Joël Ngassi, originaire de la région de l’ouest Cameroun participe au festival. Et cette première provoque en lui beaucoup de joie. D’abord la joie de respirer l’odeur de sa toile au campus des Nomades. Ensuite celle de découvrir le talent des autres artistes avec qui il partage la résidence. « Être au festival Afropolitain Nomade, c’est une marque d’admiration que Vanessa Kanga m’a accordée. Grâce au festival, je me suis dévoilé à un public inconnu, multiculturel et très chaleureux. », me confie André.
Des lieux d’exposition ? André n’est nul part ! Il expose partout. Où sa toile est la bienvenue, il s’installe. Comme chez lui, dans son salon, il en fait sa galerie. Puis il y a cette passionnée d’art à Etoa Meki un quartier de la banlieue de Yaoundé, qui lui a généreusement donné la liberté d’exploiter ses murs afin de diffuser ses céramiques. En-dehors de ces endroits, André a pu constituer un collectif de jeune peintre depuis maintenant 5 ans et ensemble ils exposent leurs toiles dans la rue en toute liberté.

André Joël Ngassi : le symbole de la liberté.

Appelez-le peintre engagé. Vous êtes libres ! Ou plutôt voyou, André s’en fout avec un grand sourire ! Il accepte toutes les appellations qu’on lui donne en tant que peintre. Après tout chacun est libre de faire ce qu’il veut et dire ce qu’il pense. Mais n’insultez pas ses efforts ! Lorsque André Joël Ngassi s’est mis à la peinture, il a trouvé inspiration chez le professeur Jean-Philippe Omotunde, auteur afrocentriste guadeloupéen, propriétaire d’une chaîne youtube. D’ailleurs il retient de ce philosophe que « la vocation de l’art, c’est d’animer les actions positives ». André y croit. L’art peut changer le monde, l’art peut déplacer les montagnes. C’est donc cette citation qui lui sert de slogan. Et qu’est ce qui est essentiel pour toute action sur cette Terre ? Les mains!
Les mains sont une conception que l’artiste est en train de développer en peinture. Il veut marquer les esprits, et surtout transformer le monde à sa manière, puisque le monde de l’art est à réinventer.

Crédit: André Joël Ngassi
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Commentaires

Adelaïde Fouejeu Fouebou
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Salut Michèlle jolie portrait.

Dongmo
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L'histoire vraie je découvre la composition des mains d'André

Nathalie
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Très bel article, léger et profond!

Michelle YMELE
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Merci beaucoup ma chère Nathalie