La trajectoire d’une blogueuse au festival Bia so Mengong

Article : La trajectoire d’une blogueuse au festival Bia so Mengong
Crédit:
17 juillet 2023

La trajectoire d’une blogueuse au festival Bia so Mengong

Salut, c’est la saison des festivals. Vous allez entendre à la radio, les chaînes de télévision parler de festivals de musique, de tomates et bien d’autres encore. Dans le sud du Cameroun, on valorise les richesses inébranlables d’une commune : le festival s’appelle Bia So Mengong: « Nous sortons de Mengong ». J’ai eu l’honneur de couvrir le coup d’envoi de ce festival samedi dernier à la demande de l’association des blogueurs du Cameroun, avec ma casquette de blogueuse. Je vous raconte ma trajectoire dans ce billet estival.

Ils ont attendu ce festival toute l’année. Ce matin du 15 juillet 2023, le tronçon routier entre le stade de la cocam, un terrain de jeu de la localité et la place des fêtes de Mengong est très animé. Les habitants montent et descendent en attendant de voir les autorités arriver pour ouvrir leur festival. Depuis la première édition du festival Bia So Mengong qui s’est tenue du 12 au 30 juillet 2023, les habitants de cette commune, qui compte 49 villages, ont été séduits. Je dirais même qu’ils ont été charmés, charmés par leur propre richesse qu’un fils du village et son épouse ont repensée et présenté dans un panier ouvert à tous. La Commune de MENGONG se trouve dans le plateau Sud du Cameroun. Elle est située à 30 km d’EBOLOWA, à 20 km de NGOULEMAKONG sur la Nationale N°2 ; à 90 km de SANGMELIMA sur la route Départementale; à 60 km de BIWONG-ULOU sur la route Communale.

Il est 10h30. Je descends du bus en plein centre-ville. Il y a beaucoup de monde. Je me rends compte tout de suite que je suis en retard pour ma couverture. Vite ! Une moto ! En deux minutes, le motard me dépose à la place des fêtes. Excusez-moi, je suis un peu timide. Alors j’envoie un petit sourire à celui ou celle qui me lance un regard insistant. Le festival n’est pas prêt à commencer maintenant, mais il y a des affiches partout. Elles portent presque toutes le même message : « A ne ajô d’anane », ça signifie « C’est votre affaire » en langue Bulù. Certaines mettent en avant plusieurs artistes nationaux tels que Sanzy Viany, John Duchant, Koppo, Kristel Elektra et Lucky +2. La ville est bien prête à accueillir son « feu sacré », c’est ainsi qu’on le nomme. C’est magnifique ! Je profite du paysage de cette magnifique ville au climat de savane avec son hiver sec. Mais j’ai un problème. J’ai faim ! Cet endroit sent tellement bon !

Des artistes nationaux ont confimés leur présence à mengong ©leventsoufle

Qu’est-ce que vous servez ?

Tout juste en face de la tribune de la place des fêtes, il y a un grand espace de détente. Il faut descendre quelques marches d’escaliers avant d’y arriver. Ici, on boit, on mange, on discute, on fait connaissance. Quand j’y arrive, une longue file de stands d’exposition occupe les lieux. Les exposants y présentent les produits du terroir : la canne à sucre, les Bobolo, qui sont des bâtons de manioc mesurant près de 2 mètres. Je mesure 1m57. Juste pour que vous comprenez la différence entre ma taille et celle de ce bâton et comprendre par-là, le génie créateur des femmes qui font ce travail artisanal. On y trouve également du cola, des tissus pagne, des plantes médicinales, et j’en passe. Alors, dans ce bar de la place que j’ai minutieusement sélectionné, attiré par l’odeur des plats de la jeune dame, je m’installe pour déjeuner. Je fais un signe de main à la dame depuis ma table, hélas elle ne me voit presque pas. Il y a trop de monde devant elle.

Je patiente encore quelques minutes, mais elle ne vient pas prendre ma commande. Alors, je fais comme les autres.

C’est devant ses marmites que je trouverai à manger. Je ris et je lui dis bonjour.

« Les gens aiment venir devant mon comptoir pour passer commande. Ils ouvrent la marmite pour les plus impatients », m’explique-t-elle. Dans son menu du jour, elle propose du riz sauce tomate poisson, du couscous ndole, des pommes sautées, du bouillon de viande de bœuf et du porc-épic. Le Sud est une région du Cameroun où les gens consomment beaucoup de viande de brousse. Une viande que ma bouche n’avait pas encore goûtée. Après quelques secondes de réflexion, je me résous à prendre un plat de porc-épic et du manioc vapeur. Son repas était délicieux. La chair ressemblait beaucoup à celle du porc que je ne mange pas, mais avait un goût légèrement amer. Une amie blogueuse et membre de l’association des blogueurs du Cameroun m’a dit qu’il n’avait pas été très bien nettoyé.

©leventsoufle

Maintenant que j’ai le ventre bien plein, allons découvrir les festivaliers. La route qui mène au stade est goudronnée. Trois minutes de marche. Dans le programme, la cérémonie d’ouverture doit commencer à 13h. Mais vous connaissez l’organisation au Cameroun, il faut dire que le Camerounais n’est pas très carré avec la ponctualité. Mais bon ! Des gens que je rencontre sur l’allée me parlent de la fierté qui les anime au début de cette fête. De loin, j’aperçois la boutique d’un tailleur, juste à ma droite en quittant la place des fêtes. C’est lui qui me fait un signe de main. Alors, je vais le voir. Il s’appelle Martin, a 44 ans, et est issu de l’union d’un couple interculturel : papa bulu de Mengong et maman Eton, d’Elig-Mfomo, une commune dans le centre du pays. Il est tailleur et tient un stand sur la place des fêtes où il expose les tenues qu’il confectionne. Né à Mengong, il a été élevé dans plusieurs villes du pays comme le Sud-ouest et le Littoral. Il a appris la couture dans le Sud-ouest, auprès de son père qui en faisait également son métier. Mais c’est après le décès de son père qu’il a décidé de s’installer définitivement dans cette localité. Il est très impatient de revivre l’expérience du festival Bia So Mengong. L’année dernière, il n’a pas pu avoir un stand, mais cette année, il est super heureux d’avoir un coin où il peut présenter ses œuvres. La couture, c’est toute sa vie. Passionné par son aiguille, ses bouts de tissus et sa paire de ciseaux, il ne veut surtout rien envier à son petit frère qui est aux États-Unis. Comme il m’a appelé « nouveau visage » à mon arrivée, il souhaite la bienvenue à tous les festivaliers sur qui il compte pour porter très haut les valeurs sacrées de la ville de mengong: Sa paix, son vivre-ensemble et son ambiance toujours bon enfant. Avec Martin, nous avons bavardé pendant près de 30 minutes quand soudainement je vois deux jeunes gens traverser la rue tout couverts de blanc. Du visage jusqu’aux pieds. Il m’est difficile de déterminer s’il s’agit de filles ou de garçons. Alors je décide de leur parler. Ces jeunes gens ont l’air très pressés. Je leur demande juste une photo. La plus grande s’appelle Lucrèce et elle a 12 ans, tout comme son amie Maël. Elles me disent qu’elles sont déguisées tout en blanc parce qu’elles vont danser la bobokon lors d’une grande parade prévue en ouverture du festival.

Lucrèce à droite et Maël à gauche ©leventsoufle

J’arrive au stade. Il se fait tard et je ne vois aucune autorité aux alentours. Mis à part cela, le stade est bondé de monde. J’aperçois, à l’autre bout, un grand groupe de jeunes. Les garçons sont torse nu et les filles portent des soutiens-gorge noirs.

Dans les coulisses de la parade!

certains protagonistes de la parade©leventsoufle

Le thème de la deuxième édition du festival bia so mengong: c’est « l’union fait la force ».C’est Lord Rodriguez, un jeune artiste chercheur camerounais de 34 ans, spécialisé dans la mise en scène de théâtre et la création chorégraphique, qui organise la parade avec un collaborateur.Ils travaillé pendant une semaine avec des jeunes volontaires de la commune. C’est une parade d’ouverture inédite pour le festival. Rodriguez a choisi de raconter une histoire basée sur une légende qui sévit dans une contrée du centre sud-est. C’est la légende d’Akumuba, un chef de village qui terrorisait les populations avec ses guerriers. Et un jour, les villageois ont compris la nécessité de s’unir pour combattre le tyran, tout en montrant au chef tyrannique pourquoi il était important que tous soient unis. La pièce est constituée de 120 protagonistes représentant les quatre villages martyrisés. Il y a des danseurs, des majorettes, des acrobates, des chasseurs, des cracheurs de feu et bien sûr le chef et ses guerriers. Tous les acteurs sont des jeunes du village. C’est Jacques Albert Oyono, le collaborateur de Rodriguez, qui coordonne le maquillage des acteurs sous une tente en paille. Il m’explique que la technique de son maquillage a pour objectif de camoufler les personnages. Sur scène, il sera très difficile de reconnaître les danseurs.

C’est parti, Mengong allume son feu sacré !

C’est finalement très tard le soir que le festival a enfin commencé avec l’arrivée des autorités, du représentant du gouverneur jusqu’aux chefs traditionnels, qui participeront activement à la création des programmes tels que les contes autour du feu. « Bia so mengong » en langue bulu signifie « nous venons de Mengong ». Alors, vous pouvez être nés là-bas ou simplement être de passage, un peu comme moi. Les promoteurs du festival, Stève Felix Belinga et son épouse Mireille Gracia, à travers leur fondation, la Fondation Belinga, appellent à l’union des forces de chacun pour le développement de la petite commune carrefour. Pour vous faire vivre l’ expérience de ce premier jour de festival,je vous proposerai samedi prochain un podcast que j’ai réalisé sur place.Le festival qui a démarré se tient jusqu’au 29 juillet 2023. Ne ratez surtout pas mon podcast. Vous allez écouter mon interview avec Steve Felix Belinga, le monsieur à l’origine du festival

©leventsoufle
Partagez

Commentaires