Michelle YMELE

Stations-services au Cameroun : ça carbure timidement !

Cela fait maintenant deux semaines que ça dure. Deux semaines que les camerounais courent dans tous les sens à la recherche du carburant, devenu un précieux sésame dans les stations – services des villes de Yaoundé, Douala et Ebolowa, trois grandes métropoles du pays.
    La pénurie, voilà un autre mot de l’actualité ; Alors qu’on a même pas encore fini de parler de la flambée des prix des produits de première nécessité dans les marchés locaux. La pénurie qui avait démarrée avec une difficulté d’approvisionnement en gasoil se poursuit jusqu’à ce jour par l’approvisionnement extrêmement timide en carburant super.
Entre des longues  files d’attente et rationnement des quantités de pétrole dans les stations – services, les consommateurs ne décolèrent pas du tout !

Pénurie du carburant: le grand ras-le-bol !

Comment réussir à expliquer à des centaines de professionnels de transporteurs à chaque tour à la pompe que le Cameroun, 14e pays producteur de pétrole en Afrique avec une production journalière de 81.000 barils n’arrive pas à approvisionner les 150 stations que comptent la ville de Yaoundé par exemple.
   En tout cas, ce n’est pas avec les conséquences de la guerre en Ukraine ou la taille de << l’enveloppe de la subvention des prix à la pompe qu’il faut effectivement mobilisée en temps réel pour assurer les importations des produits pétroliers ; pour le seul mois de juin seulement, cette subvention encore appelée manque à gagner, s’élève à 80 milliards de FCFA et pour tout le 1er semestre de l’année en cours, à 317 milliards de FCFA>>, d’après un communiqué du gouvernement daté du 11 juillet 2022, qu’on va arriver à expliquer aux camerounais où va leur pétrole produit au pays. C’est aberrant ! Surtout pour ces camerounais rencontrés dans les stations – services qui admettent déjà l’hypothèse comme quoi <<le Cameroun n’a pas la main mise sur son propre  produit brut>>. Où va tout le pétrole qui est produit ? Voilà toute la grande question que crachent les camerounais.
Toute l’amertume dans son propre pays. Le regret d’être assis sur son or, mais pas moyen d’éteindre sa faim, ni même sa soif, pire encore remplir le réservoir de son véhicule.

  Dans un entretien téléphonique avec Jean  Collins Ndefossokeng, président du SYNESTER, Syndicat National des Employés du Secteur des  Transports Terrestres,on comprend tout de suite, la place importante qu’occupe le carburant dans le quotidien des millions de camerounais. << Sans carburant, il n’ y a pas de transport et une fois que le carburant connaît une pénurie, ça veut dire qu’on nous a demandé carrément de cesser de travailler. Et cesser de travailler, veut dire qu’on est désormais  dans l’incapacité de nourrir nos propres familles. Maintenant quand on jette un regard sur le Cameroun et on se rend compte que c’est un pays producteur de pétrole,on est en droit de se demander comment est ce qu’on en vient à une pénurie de carburant.>> Pourtant, le 23 mars dernier lors d’une concertation  au ministère du transport avec le ministre camerounais du commerce, les syndicalistes du secteur du transport ont demandé au ministre du commerce si<< les perturbations Internationales en terme de guerre Russo- ukrainienne devaient avoir une incidence sur le Cameroun ?>>, la réponse du ministre  appuyée par le directeur de la CSPH, Caisse de Stabilisation des prix des hydrocarbures est sans équivoque. << Il n’y avait pas d’inquiétude à se faire, parce-que le stock camerounais était largement suffisant pour approvisionner les camerounais>>. Jean Collins Ndefossokeng qui reprend les propos du ministre ce jour là.
La grosse claque pour de nombreux professionnels de transports, la pénurie qui surgit deux mois après. Résultats aujourd’hui, des centaines de bidons de dix litres, vingt litres ont remplacé des réservoirs de voitures et motos. Objectif pour la population, faire le maximum de réserve ! Ils craignent plus aujourd’hui de mourir de faim au lieu de mourir malade.

Secousses sur le carburant : Est-il grand temps pour le Cameroun de se défaire de la dépendance extérieure?

Le Cameroun a le pétrole. Son sous sol  est riche en réserve pétrolière. Le pétrole est produit au Cameroun sous une forme  très lourde, pratiquement sous une forme  inutilisable. Alors le pays le revend à l’extérieur, avant de le racheter sous une forme simplifiée et utilisable. Une opération qui aurait pue être évitée si la SONARA, la principale Société Nationale de Raffinage était capable de raffiner le brut camerounais. Résultat, voilà le pays qui dépend de l’extérieur sur la consommation de son carburant. Un combat  que mènent depuis 20 ans les syndicalistes du secteur de transports pour l’indépendance  énergétique en ce qui concerne le pétrole camerounais. Dans mon entretien téléphonique avec Jean Collins Ndefossokeng, il relève ce fait que: << Tant que  la dépendance n’est pas défaite, on vivra toujours des pénuries de carburants comme celle qui sévit actuellement et comme  corolaire, des situations des coûts mondiaux qui influencent le pays de temps en temps.>>

<< Honnêtement, il n’ y a pas d’influence de la guerre Russo – ukrainienne sur la pénurie de carburant au Cameroun.>>

Le Nigeria est le premier pays producteur de pétrole en Afrique en moyenne 2 millions de barils par jour; mais n’a pas les droit de raffiner. Donc  il fonctionne un peu comme le Cameroun. L’importation.  En estimant la production maximale camerounais à 100.000 barils par jour, selon les calculs de Jean Collins Ndefossokeng : « 45.000 barils de consommation nationale et 55.000 barils destinés à la vente, on ne parlera jamais de pénurie, encore moins d’influence de la guerre Russo- ukrainienne sur l’approvisionnement des stations  d’essence au Cameroun ».

La pénuries et ses retombées !

Actuellement pour acheter le carburant de 2500 FCFA, il faut débourser au pompiste 3000 FCFA. C’est un fait maintenant. Les pompistes font leur business et les usagers paient le lourd tribut. Le coût du transport, officiellement connait de plus en plus des mutations.
Pourtant les prix du carburant reste pour l’instant stables et inchangés. La pénurie est entrain de provoquer un choc social gigantesque et la population est obligée de se plier au rationnement des quantités imposées dans les stations.


Des mains au cœur de l’immersion au festival Afropolitain Nomade

André Joël Ngassi, artiste peintre pluridisciplinaire, devant sa toile au studio des artistes. Crédit : leventsoufle.

Avec sa coupe de cheveux légendaire à la Foly Dirane, ses yeux enfouis dans son visage et sa tenue décontractée, André Joël Ngassi a tout pour plaire. Sa spontanéité, son ouverture aux personnes qui l’entourent, son charme, mais surtout sa peinture. Ses mains électriques ont trouvé une place au festival Afropolitain Nomade ; que je me fais une joie aujourd’hui de surnommer « la galerie des artistes mystérieux ».

André Joël Ngassi pense immersion

Crédit : André Joël Ngassi

Immersion, c’est le thème donné à tous les artistes qui ont pu être sélectionnés au festival comme André. Dans le cadre des arts visuels, l’artiste a travaillé sur ses mains qui sont pour lui le meilleur canal de communication entre les hommes et la nature; exploitant ainsi les traces visibles de la main. Les mains sont un éventail de richesse énergétique. André les décrit comme des capteurs d’énergie et des grands transmetteurs d’émotions.
Sur un tableau carré de 150 cm * 150 cm, André Joël Ngassi dispose ses mains dans différentes positions (deux mains qui représentent des entités humaines) l’une au fond de l’eau retenant l’autre qui trône au dessus des vagues. À travers cette matérialisation, il ressort une réalité. « Je représente des mains qui s’entraident, qui se redéfinissent en tant que soi-même, en tant que communauté et en tant que société. Et qui traduisent la différence entre les hommes », complète André. À l’intérieur des mains d’André Joël Ngassi, on peut voir des câbles. Ces câbles qui représentent des vaisseaux sont des transmetteurs d’énergies, pris dans la nature pour canaliser l’énergie dans un univers majoritairement constitué d’eau.
Et voilà ! Ne dit -on pas que la terre est une planète bleue ? Elle est constituée de 71% d’eau. D’où l’importance de l’eau dans l’œuvre de l’artiste car c’est elle qui fournit l’énergie, c’est elle qui alimente les câbles d’André Joël Ngassi.

Les mains d’André Joël Ngassi : une histoire à raconter

La toile d’André Joël Ngassi m’a frappée au premier regard. C’était au studio des artistes visuels du festival Afropolitain Nomade, à Douala. Un 24 juin. J’ai été électrifiée par le flux d’émotions que projette la toile. J’ai eu comme un coup de foudre. Et je voulais parler à son créateur. Hélas, André n’était pas là. Dans une curiosité absorbante, je suis revenue le lendemain, le 25 pour comprendre l’ association câbles, mains, eau et couleurs. André était là !

L’autre toile d’André sur les mains. Crédit : André Joël Ngassi

L’histoire que le jeune homme raconte est plutôt simple. Maîtrisant la question de relation humaine (la relation homme à homme, et la relation homme à environnement), il montre comment l’homme se définit en tant que être profond et en tant que société. Et entendez par société ici, le biotope.

La préservation de l’environnement, le combat d’un artiste peintre

Cela fait bientôt une décennie que le jeune André mélange des couleurs. À 34 ans, il milite pour la préservation de la biodiversité. Cette biodiversité qui détermine le côté humain de l’Homme à travers ses actions. En tant qu’être le plus actif de la planète, l’Homme se sert de la biodiversité pour survivre. Une action qui peut modifier négativement l’environnement. C’est donc un combat en trilogie que mène le peintre : spirituel, interne et sociétal.

Festival Afropolitain Nomade : la grande opportunité.

En 10 ans de peinture, André a eu très peu, d’aussi grandes opportunités. Raison pour laquelle il n’a même pas pris une minute de réflexion lorsqu’il a reçu le coup de fil d’Afropolitain. Pour un évènement qui en est à sa dixième édition, quoi de mieux que de chercher un jumeau. C’est la toute première fois qu’André Joël Ngassi, originaire de la région de l’ouest Cameroun participe au festival. Et cette première provoque en lui beaucoup de joie. D’abord la joie de respirer l’odeur de sa toile au campus des Nomades. Ensuite celle de découvrir le talent des autres artistes avec qui il partage la résidence. « Être au festival Afropolitain Nomade, c’est une marque d’admiration que Vanessa Kanga m’a accordée. Grâce au festival, je me suis dévoilé à un public inconnu, multiculturel et très chaleureux. », me confie André.
Des lieux d’exposition ? André n’est nul part ! Il expose partout. Où sa toile est la bienvenue, il s’installe. Comme chez lui, dans son salon, il en fait sa galerie. Puis il y a cette passionnée d’art à Etoa Meki un quartier de la banlieue de Yaoundé, qui lui a généreusement donné la liberté d’exploiter ses murs afin de diffuser ses céramiques. En-dehors de ces endroits, André a pu constituer un collectif de jeune peintre depuis maintenant 5 ans et ensemble ils exposent leurs toiles dans la rue en toute liberté.

André Joël Ngassi : le symbole de la liberté.

Appelez-le peintre engagé. Vous êtes libres ! Ou plutôt voyou, André s’en fout avec un grand sourire ! Il accepte toutes les appellations qu’on lui donne en tant que peintre. Après tout chacun est libre de faire ce qu’il veut et dire ce qu’il pense. Mais n’insultez pas ses efforts ! Lorsque André Joël Ngassi s’est mis à la peinture, il a trouvé inspiration chez le professeur Jean-Philippe Omotunde, auteur afrocentriste guadeloupéen, propriétaire d’une chaîne youtube. D’ailleurs il retient de ce philosophe que « la vocation de l’art, c’est d’animer les actions positives ». André y croit. L’art peut changer le monde, l’art peut déplacer les montagnes. C’est donc cette citation qui lui sert de slogan. Et qu’est ce qui est essentiel pour toute action sur cette Terre ? Les mains!
Les mains sont une conception que l’artiste est en train de développer en peinture. Il veut marquer les esprits, et surtout transformer le monde à sa manière, puisque le monde de l’art est à réinventer.

Crédit: André Joël Ngassi


Festival Afropolitain Nomade : la première participation de Moov Dream

Crédit photo : leventsoufle

Ils ont fait sensation, ils ont eu la rage, ils ont enflammé la scène pour une première participation au Festival Afropolitain Nomade, édition 2022. L’association Moov Dream a proposé aux amoureux du festival à Douala, au Cameroun, une compétition de danse popping et break dance et deux prestations impressionnantes de danses traditionnelles.
Entre les déhanchements des danseurs et l’admiration du public, c’est le spectacle qui avait parole !!!

Je suis arrivée quand la scène tremblait déjà. Moov Dream avait déjà déployé sur la piste ses sélections hip-hop. C’est juste la rue qui avait pris droit de cité au festival. Il y avait des jeunes filles, des jeunes garçons qui breakaient, et de l’autre côté de la scène, le poppeur attendait son tour pour le challenge.
Les danseurs mimbayeurs, le public fêtard et surtout très consommateur : le menu de Moov Dream était alléchant. C’est autour d’une bonne bière ou d’un bon plat de viande, que le public savourait le spectacle.

Moove Dream joue bien dans la cour des grands


C’est la première fois que l’association Moov Dream participe au festival Afropolitain Nomade. C’est la 8eme édition du festival et la première fois qu’il y a un plateau danse. Une nouveauté importante pour ce festival qui a donné son premier coup d’envoi à Douala, en 2012. Pour rappel, les deux dernières éditions n’ont malheureusement pas eu lieu à cause du Covid. Aujourd’hui, à Douala, on célébre les 10 ans d’existence du festival, avec des plateaux de danse !


Ce n’est pas la première fois que Moov Dream organise des compétitions, il connaît bien les compétiteurs. Ceux- ci se doivent d’être bons, pour se faire une place sur la scène de Moov Dream. Les hip-hopeur sont de vrais professionnels. Côté danse traditionnelle, un seul groupe est passé ce vendredi soir sur la scène d’Afropolitain. Feuilles de  bananiers sèches attachées autour des reins, accessoires de danse, torse nu pour les garçons, c’est avec le feu que le premier groupe dénommé « Fokamaise » assurait le show. Ce samedi 25, deuxième jour du festival, le groupe Empire Moov a secoué la scène. En introduisant la danse en plus des autres disciplines culturelles valorisées au festival depuis son lancement, le comité d’organisation veut donner une visibilité à ces excellents danseurs qui évoluent dans l’ombre.

Le groupe Fokamaise sur la scène du FAN 2022. Crédit photo : René NKOWA

Quand la danse fait son entrée au festival, c’est tout le monde qui gagne

À la fin des différentes prestations hip hop ce soir, des prix ont été remis. Les danseurs étaient contents d’avoir pu participer à la 8 ème édition du festival. Le public toujours très demandeur, a laissé éclater son émotion : joie, gratitude, divertissement, intérêt, inspiration, admiration et amour.
L’amour pour tout un festival qui a commencé avec juste un groupe de personnes.
Aujourd’hui les nouvelles idées sont à chaque fois les bonnes. Laissez moi vous dire quelque chose mes cher.e.s lecteurs.trices, quand vous portez une grande et bonne vision, ce sont des énergies positives qui viendront toujours vers vous !

Et tant que votre vision donne la possibilité aux autres de toujours tirer leur épingle du jeu, ils seront toujours là pour vous. Un peu comme mes amis du break dance, qui poursuivent l’émotion jusqu’à l’extérieur du festival. Le prétexte reste le même, s’amuser et rien d’autre.
     Je suis Nomade, nous sommes Nomades.

Sur l’esplanade du Carrefour Market à Douala, un groupe de break dance s’amuse. Crédit photo : leventsoufle.


Festival Afropolitain Nomade à Douala : en avant la musique !

Les 24 et 25 juin 2022 à Douala, au Cameroun, se tient le festival Afropolitain Nomade. Afropolitain Nomade est un festival pluridisciplinaire (musique, danse mais aussi arts visuels, dessin et peinture). Il a lieu chaque année dans un pays différents, sur le continent africain. Lors de cette édition 2022, 180 artistes seront présents pour valoriser leur génie 💪

Il s’agit d’un rendez-vous auquel Mondoblog ne manquera pas. Et moi non plus ! Leventsoufle se mettra aux couleurs du festival pendant trois jours, pour vous faire vivre tout le festival. Passionnée de musique en particulier et de la culture en général, j’ai réalisé un billet audio dans lequel je décris la place de la musique dans ma vie. Écoutez !!!

Affiche festival afropolitain 2022/ google
crédit music:http://dig.ccmixter.org/free