22 juillet 2022

Stations-services au Cameroun : ça carbure timidement !

Cela fait maintenant deux semaines que ça dure. Deux semaines que les camerounais courent dans tous les sens à la recherche du carburant, devenu un précieux sésame dans les stations – services des villes de Yaoundé, Douala et Ebolowa, trois grandes métropoles du pays.
    La pénurie, voilà un autre mot de l’actualité ; Alors qu’on a même pas encore fini de parler de la flambée des prix des produits de première nécessité dans les marchés locaux. La pénurie qui avait démarrée avec une difficulté d’approvisionnement en gasoil se poursuit jusqu’à ce jour par l’approvisionnement extrêmement timide en carburant super.
Entre des longues  files d’attente et rationnement des quantités de pétrole dans les stations – services, les consommateurs ne décolèrent pas du tout !

Pénurie du carburant: le grand ras-le-bol !

Comment réussir à expliquer à des centaines de professionnels de transporteurs à chaque tour à la pompe que le Cameroun, 14e pays producteur de pétrole en Afrique avec une production journalière de 81.000 barils n’arrive pas à approvisionner les 150 stations que comptent la ville de Yaoundé par exemple.
   En tout cas, ce n’est pas avec les conséquences de la guerre en Ukraine ou la taille de << l’enveloppe de la subvention des prix à la pompe qu’il faut effectivement mobilisée en temps réel pour assurer les importations des produits pétroliers ; pour le seul mois de juin seulement, cette subvention encore appelée manque à gagner, s’élève à 80 milliards de FCFA et pour tout le 1er semestre de l’année en cours, à 317 milliards de FCFA>>, d’après un communiqué du gouvernement daté du 11 juillet 2022, qu’on va arriver à expliquer aux camerounais où va leur pétrole produit au pays. C’est aberrant ! Surtout pour ces camerounais rencontrés dans les stations – services qui admettent déjà l’hypothèse comme quoi <<le Cameroun n’a pas la main mise sur son propre  produit brut>>. Où va tout le pétrole qui est produit ? Voilà toute la grande question que crachent les camerounais.
Toute l’amertume dans son propre pays. Le regret d’être assis sur son or, mais pas moyen d’éteindre sa faim, ni même sa soif, pire encore remplir le réservoir de son véhicule.

  Dans un entretien téléphonique avec Jean  Collins Ndefossokeng, président du SYNESTER, Syndicat National des Employés du Secteur des  Transports Terrestres,on comprend tout de suite, la place importante qu’occupe le carburant dans le quotidien des millions de camerounais. << Sans carburant, il n’ y a pas de transport et une fois que le carburant connaît une pénurie, ça veut dire qu’on nous a demandé carrément de cesser de travailler. Et cesser de travailler, veut dire qu’on est désormais  dans l’incapacité de nourrir nos propres familles. Maintenant quand on jette un regard sur le Cameroun et on se rend compte que c’est un pays producteur de pétrole,on est en droit de se demander comment est ce qu’on en vient à une pénurie de carburant.>> Pourtant, le 23 mars dernier lors d’une concertation  au ministère du transport avec le ministre camerounais du commerce, les syndicalistes du secteur du transport ont demandé au ministre du commerce si<< les perturbations Internationales en terme de guerre Russo- ukrainienne devaient avoir une incidence sur le Cameroun ?>>, la réponse du ministre  appuyée par le directeur de la CSPH, Caisse de Stabilisation des prix des hydrocarbures est sans équivoque. << Il n’y avait pas d’inquiétude à se faire, parce-que le stock camerounais était largement suffisant pour approvisionner les camerounais>>. Jean Collins Ndefossokeng qui reprend les propos du ministre ce jour là.
La grosse claque pour de nombreux professionnels de transports, la pénurie qui surgit deux mois après. Résultats aujourd’hui, des centaines de bidons de dix litres, vingt litres ont remplacé des réservoirs de voitures et motos. Objectif pour la population, faire le maximum de réserve ! Ils craignent plus aujourd’hui de mourir de faim au lieu de mourir malade.

Secousses sur le carburant : Est-il grand temps pour le Cameroun de se défaire de la dépendance extérieure?

Le Cameroun a le pétrole. Son sous sol  est riche en réserve pétrolière. Le pétrole est produit au Cameroun sous une forme  très lourde, pratiquement sous une forme  inutilisable. Alors le pays le revend à l’extérieur, avant de le racheter sous une forme simplifiée et utilisable. Une opération qui aurait pue être évitée si la SONARA, la principale Société Nationale de Raffinage était capable de raffiner le brut camerounais. Résultat, voilà le pays qui dépend de l’extérieur sur la consommation de son carburant. Un combat  que mènent depuis 20 ans les syndicalistes du secteur de transports pour l’indépendance  énergétique en ce qui concerne le pétrole camerounais. Dans mon entretien téléphonique avec Jean Collins Ndefossokeng, il relève ce fait que: << Tant que  la dépendance n’est pas défaite, on vivra toujours des pénuries de carburants comme celle qui sévit actuellement et comme  corolaire, des situations des coûts mondiaux qui influencent le pays de temps en temps.>>

<< Honnêtement, il n’ y a pas d’influence de la guerre Russo – ukrainienne sur la pénurie de carburant au Cameroun.>>

Le Nigeria est le premier pays producteur de pétrole en Afrique en moyenne 2 millions de barils par jour; mais n’a pas les droit de raffiner. Donc  il fonctionne un peu comme le Cameroun. L’importation.  En estimant la production maximale camerounais à 100.000 barils par jour, selon les calculs de Jean Collins Ndefossokeng : « 45.000 barils de consommation nationale et 55.000 barils destinés à la vente, on ne parlera jamais de pénurie, encore moins d’influence de la guerre Russo- ukrainienne sur l’approvisionnement des stations  d’essence au Cameroun ».

La pénuries et ses retombées !

Actuellement pour acheter le carburant de 2500 FCFA, il faut débourser au pompiste 3000 FCFA. C’est un fait maintenant. Les pompistes font leur business et les usagers paient le lourd tribut. Le coût du transport, officiellement connait de plus en plus des mutations.
Pourtant les prix du carburant reste pour l’instant stables et inchangés. La pénurie est entrain de provoquer un choc social gigantesque et la population est obligée de se plier au rationnement des quantités imposées dans les stations.

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